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Yves Le Blevec, un tour du monde à l’envers : "On a beau avoir exploré toutes les possibilités, il y aura toujours des surprises"

Boucler un tour du monde à l’envers, c’est un pari audacieux ! Pourquoi à l’envers et à ce moment précis de ta carrière ?

C’est quelque chose qui  a mûri depuis plusieurs années dans ma tête.  Avec l’équipe Ultim, on a fait une analyse assez poussée de ce qui pouvait coller au mieux avec la préparation du tour du monde en 2019. Il nous fallait un entraînement adéquat  pour cet hiver et on voulait faire quelque chose qui ait du sens pour le projet Actual. Et puis cette idée me plaisait bien tout simplement !

 

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Depuis combien de temps te prépares-tu pour ce grand voyage et comment cela s’est-il déroulé ?

Cela fait grosso modo 1 an que l’on se prépare. On a commencé par une partie performance avecla course The Bridge en juillet dernier. Cela nous a permis d’apporter des améliorations au bateau. On l’a ensuite fiabilisé pour une navigation de 90 jours ou plus et ainsi avoir le minimum d’ennui ou être en mesure d’en résoudre le maximum.

 

Justement, ce genre de navigation « hors norme » est plus exigeant non ? As-tu laissé la place à l’inattendu ?

Complètement ! C’est compliqué parce qu’on a beau avoir exploré toutes les possibilités, il y aura toujours des surprises. On a surtout mis l’accent sur la fiabilité et la capacité de continuer à naviguer que sur la performance pure. Le but est de naviguer le plus longtemps possible en conservant le potentiel naturel de vitesse du bateau! On espère ne rien avoir oublié !

 

Qui sont les membres de ton équipe ? Peux-tu nous parler de ton routeur ?

Nous sommes 7 personnes à plein temps dans l’équipe ULTIM Actual avec une partie encadrement. Chacun travaille dans des domaines différents. Il y a la partie composite, mécanique, gréement et toute la partie informatique, communication et électronique. Moi je suis évidemment en relation avec toutes ces personnes qui me transmettent leurs données.

Mon routeur est Christian Dumard (routeur et expert en météo, ndlr). On travaille ensemble depuis longtemps ! Notre échange va bien au-delà de la stratégie de routage. Christian porte un regard global sur la navigation, c’est une interface privilégiée avec la Terre. C’est vraiment important que l’on reste tous en contact.

 

As-tu des objectifs de temps, des étapes de prévues ?

Oui, on a fait une étude climatologique pour voir un peu notre progression. Cela nous a servi par exemple pour faire l’avitaillement, on sait que l’on va traverser des zones tempérées, des zones chaudes, des zones froides, à nouveau des zones tempérées. Donc on a à peu près l’idée du timing. On sait aussi qu’il faudra à peu près 3 semaines de navigation pour atteindre le Cap Horn. On s’est préparé à devoir attendre une bonne fenêtre météo pour pouvoir passer dans de bonnes conditions.  C’est un endroit qui peut être particulièrement périlleux, même dans le bon sens !

 

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Quels sont les atouts et les limites du bateau ?

L’Actual est un grand multicoque qui va très vite. Mais pour ce tour du monde, on va naviguer à 80% de ses capacités, on ne veut surtout pas l’abîmer. Sa principale limite, c’est aussi justement d’être un multicoque. Il est instable. On aura plus de tension à bord que dans un monocoque.

 

Des craintes ?

Les espaces que je vais découvrir ou encore le comportement du bateau après le Cap Horn. Aussi, le caractère de durée parce que c’est quelque chose que je vais découvrir. Cela ne m’inquiète pas tant mais ça va être long.  J’en suis conscient.

 

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Tu es maintenant en « stand-by », donc en attente du départ. Comment cela se déroule ?

Il nous reste plein de choses à faire en fait ! On a pu apporter quelques finitions au bateau et on est en ce moment en phase de chargement du matériel. On regarde aussi bien sûr la météo. On veut traverser le Golfe de Gascogne dans les meilleures conditions.

 

Combien de jours de visibilité as-tu sur le départ ?

On entrevoit un départ possible dans quelques jours. Mais on n’a vraiment aucune certitude. Ça se présente pas mal mais il faut voir comment cela évolue !

 

Les équipements électroniques d’aujourd’hui vous aident-il à être de meilleurs navigateurs ? Quel est ton point de vue de marin là-dessus ?

En fait, tout évolue en même temps. La vitesse croissante des bateaux demande une analyse plus fine. Leurs performances sont rendues possibles grâce à la qualité des infos météo et la qualité des traitements que l’on peut en faire. Par rapport aux débuts du routage où on recevait des infos uniquement sous forme de texto, aujourd’hui, on a accès à toutes les données dont peut disposer le routeur et de ce fait, l’échange est enrichi. On va beaucoup plus dans le détail.

 

Quelle version d’Adrena utilises-tu ? Quel est selon toi l’atout du logiciel?

J’utilise AdrenaPro depuis une dizaine d’années maintenant. Ce qui est vraiment bien, c’est que l’on a dans le même outil toute l’analyse performance du bateau avec une interface unique. On peut superposer des GRIB et des images satellites, ça c’est vraiment intéressant. L’ordinateur a une place très centrale dans le bateau aujourd’hui donc c’est important.

 

Et la suite ? Quels sont tes projets avec Ultim ?

Dès le retour du tour du monde à l’envers début 2018, on enchaîne avec Nice Ultimed en avril-mai, puis la Route du Rhum en novembre 2018. En 2019, ce sera le Revival Lorient-Les Bermudes et ensuite le Tour du Monde fin 2019. Mais on n’y est pas encore (rires) !