Retour
Actualités

Marcel Van Triest, Routeur d’IDEC sur le Trophée Jules Verne

Depuis combien de temps travailles-tu avec le logiciel Adrena ?

Depuis longtemps ! Mon premier contact avec Adrena a été lors de la campagne Groupama de Franck Cammas. Je me souviens, j’étais dans leur base avec Michel Rodet et je lui demandais de nouvelles fonctionnalités. Son attitude très ouverte à mes demandes et la rapidité avec laquelle elles ont été intégrées m’ont « converti » très rapidement !

Quelle est ta fonction préférée sur Adrena ?

Sans hésiter le routage! Il a évolué au cours des années jusqu’à devenir un outil complet qui me permet de contrôler la manière de créer mes routages. Il y a toujours des améliorations possibles, mais s’il n’y en avait pas la vie serait plutôt ennuyeuse. L’avantage avec Adrena c’est que je peux demander aux programmeurs de nouvelles fonctionnalités et s’ils les valident, celles-ci sont intégrées dans la version suivante. Par exemple, le routage d’ensemble est une fonction que je leur ai demandée.

Les roadbooks, le tracking, les Sailect, etc. sont des outils également très efficaces. Pour résumer c’est un logiciel très complet. Tellement complet que bien que j’utilise Adrena parfois 24h/24 il reste encore des fonctions du logiciel que je n’ai jamais utilisées !  La gestion du départ par exemple.

          Si tu devais définir le logiciel Adrena en quelques mots ?

Le couteau suisse de la navigation pour tout régatier. Peut-être un peu intimidant à utiliser la première fois, mais il comporte tout ce dont on a besoin et la plupart de ses outils sont excellents.

Quelles sont les conditions optimales pour faire du bon travail de routeur ? Comment tu vis la course étant à terre ?

Difficile de répondre à cette question. Je dirais que les conditions optimales pour moi sont lorsque je n’ai rien d’autre à faire à part cela. Pas d’autres tâches à côté, pas de mails à traiter, pas de factures à régler, pas de courses à faire ou de repas à préparer etc. etc. Réussir à éviter cela pendant plus de 40 jours lorsqu’on est à terre est relativement compliqué donc une bonne préparation est indispensable. Et oui, en effet, je vis (et ressemble) un peu à un homme des cavernes pendant ces 40 jours ou plus.

technicien marcelvantriest

Alors ça veut dire que Marcel Van Triest ressemblait à ça pendant qu’Idec s’agitait en mer ?

 

Au final il n’y a pas une grande différence avec la manière de vivre la course à bord à l’exception du fait que j’ai une connexion internet haut débit, de l’électricité en illimité, de nombreux ordinateurs, mon bureau ne gîte pas et je suis au sec ! Par contre, d’un point de vue du sommeil, les conditions sont encore plus mauvaises.

Le moment le plus marquant de la course pour toi ? Celui qui t’a donné une petite goutte de sueur sur le front…

Lorsque nous voulions rester en amont du front dans l’océan Indien tout en sachant que si nous y arrivions, nous aurions alors de grandes chances de battre le record. Egalement les échanges avec l’équipage du bateau dans lesquels il y avait pas mal d’humour ce qui est assez remarquable étant donné le niveau de stress pour chaque personne engagée.

 

idec marcelvanttriest6

Toujours de la bonne humeur, même dans les moments difficiles

(cf. les commentaires de Marcel van Triest)

 

Le moment le plus stressant était dans le Sud là où il y a des zones de glace. Dans ces moments-là je me sens responsable et en même temps impuissant depuis mon bureau à l’autre bout de la planète et ce sentiment n’est vraiment pas agréable.

Un routeur joue un rôle déterminant au niveau de la stratégie mais sur le plan moral qu’en est-il ? Est-ce que tu étais là en tant que soutien moral également ?

Il faudrait poser cette question à l’équipage mais je pense les avoir soutenu moralement du moins je l’espère. Ce serait une bonne chose si l’équipage pouvait avoir un soutien moral à leur côté tout au long de la course. Indéniablement le soutien moral est un point très important mais cela l’est encore plus lors des courses en solitaire comme la Route du Rhum par exemple.

Avec qui es-tu en contact à bord ? Comment fonctionne la transmission des informations entre terre et mer ?

J’étais en contact avec pas mal de membres de l’équipage au final. Les décisions importantes se prenaient avec Francis bien sûr, mais les discussions plus routinières se faisaient avec quasiment toute l’équipe. Gweno, Bernard, Seb et Alex. Dans cet ordre. Seul Clément était l’exception. Le seul inconvénient à cela est qu’ils étaient 6 et que j’étais tout seul ! Parfois j’étais sur le point d’aller faire une sieste lorsqu’un nouvel équipier prenait son quart et arrivait sur le pont après s’être bien reposé et se disait « allons poser une question à Marcel! » 😉

La transmission des informations se fait par le biais d’une ligne ouverte 24h/24. J’aime bien Telegram (assez similaire à Whatsapp) que j’utilise sur tous mes appareils : PC, téléphones et tablettes. Quand Idec envoie un message l’alarme se déclenche partout. De cette façon je ne peux pas les louper même quand je suis dans une autre pièce en train de me faire un café ou de dormir. Cela permet d’envoyer des captures d’écran et toutes sortes de fichiers donc c’est un outil central dans notre communication. Nous ne nous envoyons pas de mails et j’ai laissé tomber la communication par téléphone depuis bien longtemps. Il vaut mieux que tout se fasse par écrit afin de pouvoir relire ce qui a été dit au cas où il y ait un doute. En plus de cela, utiliser une connexion satellite depuis un bateau extrêmement bruyant avec d’un côté mon accent français et d’un autre le fait que Francis et moi soyons tous les deux à moitié sourds n’aurait pas été l’idéal en termes de communication !! Et puis les échanges par écrit permettent à tous les membres de l’équipage de les lire ce qui était le cas sur Idec. Chaque membre avait accès à l’ensemble des discussions sur la météo et la stratégie.

20161219 6 idec                                                                                                idec marcelvanttriest1

 

 

Pour toi, savais-tu déjà quelques jours avant que le record allait être battu ou le suspense a été maintenu jusqu’au bout ?

J’étais déjà plutôt confiant à la moitié du Pacifique parce que j’avais une idée assez précise du temps que nous allions mettre jusqu’à l’Equateur et cela nous laissait une bonne marge pour la remontée de l’Atlantique. Seule une situation exceptionnelle nous aurait posé problème mais même dans ce cas-là, ces bateaux sont tellement rapides qu’il est possible de faire de longs détours pour trouver des conditions plus favorables si besoin. Cela nous aurait pris plus de temps que prévu mais nous avions déjà pas mal d’avance lorsque nous avons franchi l’Equateur.

 

idec marcelvanttriest4

Remontée de l’Atlantique avec plusieurs options