Dans les coulisses des performances de l’Équipe de France de voile se cache un travail minutieux et passionné, mené par des experts tels que David Lanier, météorologue de l’équipe. À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, il a joué un rôle crucial en optimisant les stratégies des navigateurs grâce à l’utilisation d’Adrena. Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec lui sur son parcours, son rôle au sein de la Fédération Française de Voile (FFVoile), et son utilisation des outils Adrena pour maximiser les performances de l’équipe.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre rôle au sein de la FFVoile ? Depuis combien de temps travaillez-vous pour la fédération ?
Je suis cadre d’état à la Fédération Française de Voile depuis 1993, où j’ai débuté en tant qu’entraîneur après avoir été athlète en équipe de France sur le 470. À partir de 2004/2005, je me suis spécialisé dans la météorologie et l’étude des plans d’eau. Ma première campagne en tant que météorologue pour les équipes de France remonte aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Actuellement, je consacre la majorité de mon temps à analyser les plans d’eau des compétitions internationales et à fournir des prévisions météorologiques pour les championnats auxquels les équipes de France participent. Chaque année, cela représente le suivi d’une dizaine de championnats d’Europe et du monde pour les 10 séries olympiques.
Quel était votre quotidien lors des Jeux Olympiques de Paris à Marseille ?
Les compétitions de voile se déroulaient sur le plan d’eau de Marseille. Mon travail a commencé bien avant l’événement, avec quatre années de préparation durant lesquelles j’ai observé et mesuré le plan d’eau pour en comprendre les spécificités. Cela nous a permis de créer des outils de compréhension destinés aux athlètes et entraîneurs.
Une journée type commençait très tôt, vers 5h30 ou 6h00, pour récupérer et analyser les informations météorologiques.
Je présentais ensuite mes analyses aux athlètes et aux coachs vers 8h00, à travers des briefs individuels. Certains venaient me voir le matin au petit déjeuner et d’autres d’une manière plus formelle un petit peu plus tard.
Les demandes variaient en fonction des séries, qu’il s’agisse de Kite, de 470, de 49ER ou de Nacra.
À partir de midi, les athlètes partaient sur l’eau, tandis que je continuais à observer le plan d’eau et à mettre à jour les prévisions pour alerter les équipes si nécessaire.
En fin de journée, je procédais à un débriefing complet de la journée.
Vous avez utilisé la fonction Atelier GRIB d’Adrena pendant les JO. Pouvez-vous expliquer en quoi elle consiste et comment vous l’avez utilisée ?
L’Atelier GRIB est un outil particulièrement adapté pour la micrométéorologie, ce qui est crucial pour moi puisque j’analyse les conditions sur des zones spécifiques comme la rade sud de Marseille. L’avantage de cette fonction, c’est qu’à partir d’un fichier GRIB qui n’est pas très précis en termes d’effet de site, l’Atelier GRIB permet vraiment de rentrer en détail et de représenter les effets de site avec une grande précision. On peut affiner un effet de site à 10 / 15 mètres près, près d’une digue, près d’un relief, près d’un cap… pour obtenir une représentation assez fidèle de la réalité.
Comment les athlètes utilisent-ils ces informations pour améliorer leurs performances ?
Dans ma démarche, si je fais une prévision avec une direction du vent proche du 230 par exemple, pour l’heure de début de manche, l’athlète va prendre le GRIB qui a été fabriqué avec l’atelier GRIB d’Adrena du 230. Il va prendre cette direction puis va regarder quels sont les effets de sites particuliers qu’il y a sur cette direction.
Combien de temps passez-vous sur les logiciels Adrena lors des épreuves Olympiques ?
C’est difficile à quantifier précisément, mais Adrena est constamment allumé sur mon PC. J’y retourne régulièrement tout au long de la journée, que ce soit pour consulter les cartes d’analyse ou les fichiers GRIB disponibles. Je m’en sers à la fois pour mes besoins personnels et pour présenter des données aux entraîneurs ou aux coachs.
Utilisez-vous d’autres fonctions d’Adrena régulièrement ?
Oui, j’utilise souvent la fonction de routage sur cadre. Cette fonction nous permet de quantifier, à partir d’une situation météo, le temps gagné à partir à fond à droite par rapport au temps gagné à partir à fond à gauche. On y ajoute un fichier courant puis on fait un routage avec le courant. On arrive à déterminer le gain vent / courant et Adrena est très précis pour quantifier ça.
Le résultat est-il fiable ?
Le résultat s’avère juste si le fichier courant est juste et que le fichier météo l’est également. En tout cas l’outil Adrena est suffisamment précis pour nous donner un résultat qui est très pertinent.
Après c’est à moi de faire l’analyse des fichiers.
Avez-vous une anecdote marquante de ces JO ?
L’un des moments les plus marquants pour moi a été le nombre de médias présents à Marseille. Nous ne sommes pas habitués à autant de presse et d’interviews. Même à distance du village olympique, on a ressenti l’effet des Jeux à la maison. Cela a créé une atmosphère unique, différente de ce que nous vivons habituellement sur les sites de compétition.
Utilisez-vous Adrena sur d’autres événements ?
Lors de l’America’s Cup, j’ai été missionné par la Fédération Française de Voile pour accompagner l’équipe française en les aidant sur tous les aspects météorologiques, et bien sûr, j’ai utilisé Adrena. Le logiciel me permet de télécharger facilement les fichiers météo et j’ai particulièrement utilisé la fonction de routage sur cadre. L’America’s Cup se déroule sur un parcours court de 20 minutes avec trois allers-retours, et des zones délimitées à gauche et à droite (boundary). Cette fonction m’a permis d’analyser et de déterminer les tendances à gauche ou à droite, en quantifiant le nombre de virements et d’empannages nécessaires sur le parcours. Présenter ces informations aux navigateurs avant l’épreuve aide à clarifier les stratégies, même s’ils sont déjà très performants. Ce petit travail de préparation avec Adrena contribue vraiment à une meilleure anticipation des courses.
Adrena et la Fédération Française de Voile
Depuis plus de 10 ans, Adrena accompagne la Fédération Française de Voile et le staff de l’équipe de France dans leur préparation.
Cette année, l’équipe de France a réalisé de grandes performances. Aux Jeux Olympiques, Charline Picon et Sarah Steyaert ont remporté une médaille de bronze en 49er FX, et Lauriane Nolot a décroché l’argent en Kite féminin. Aux championnats du monde, Clément Pequin et Erwan Fischer sont devenus champions du monde en 49er, et Lauriane Nolot a également remporté l’or en Kite féminin, avec Jessie Kampman en bronze. Aux championnats d’Europe, la France a ajouté 2 médailles d’or, 2 d’argent et 3 de bronze à son palmarès